Le petit monde médiatico-culturel Français s'enflamme (à raison, pour changer) depuis quelques jours au sujet d'une nouvelle campagne anti-tabac, signée de la ligue de Défense des Non-Fumeurs, ou DNF.
Après les mini scandales - rapidement étouffés et oubliés - de la RATP qui censurait de ses affiches la pipe de Jacques Tati (pourtant emblématique) ou la fumée de cigarette de "Gainsbourg" (emblématique aussi), les fumeurs se retrouvent une nouvelle fois dans la ligne de mire de ces non-fumeurs fumistes.
C'est une habitude, me direz-vous. Depuis la loi Evin en 1992, ils ont l'impression de pisser plus loin que les autres.
Sauf que la DNF n'y est pas allée avec le dos de la cuiller, cette fois, avec cette affiche :
Comme d'habitude, ce n'est pas le message qui choque - les fumeurs savent tous ce qu'ils risquent, et les photos ne changent rien.
Mais il s'agit bien ici de comparer la cigarette, encore (presque) une liberté avec la fellation forcée, le viol, de deux ados.
Faire l'amalgame entre la pédophilie et le tabac, il fallait l'oser. Le moins qu'on puisse dire, c'est que, si ces messieurs-dames de la DNF ont les sphyncters qui se crispent au son du briquet, ils semblent au moins plus détendus côté braguette.
En plus de hérisser de nombreux fumeurs - encore une fois stygmatisés et presque rendus coupables des pires horreurs - cette campagne au goût amer est considérée, on le comprend, comme une véritable honte par toutes celles et ceux qui ont subi des biolences sexuelles, ou simplement ceux qui se rendent compte de la stupidité de l'amalgame.
D'une manière générale, il n'est pas étonnant que tout ce qui s'autoproclame "anti..." soit finalement aussi extrémiste qu'un taliban devant une quotidien Danois.
La colère est aussi stupide, et les armes sont les mêmes : le choc, la terreur, l'amalgame, une présence politique et médiatique constante. Ca s'appelle du lobbying.
Ou une religion.
A quand les attentats-suicides dans les bureaux de tabac?
Car l'objectif, pour les enragés de la DFN comme pour les talibans et autres Intransigeants est bien toujours - essentiellement par la peur - d'imposer au monde leur propre vision manichéenne des choses, quitte à laisser de côté les libertés individuelles.
La liberté des autres commence là où finit la mienne.
Car le choix de fumer ou non, en toute connaissance de cause, existe bien, et reste une liberté.
Durant des années, en toute sociabilité, les choses se sont bien passées. Chacun connaissait les risques liés à la cigarette, et les uns et les autres s'entendaient, faisaient des concessions. On ne fumait pas chez un non fumeur, mais le non fumeur acceptait une atmosphère fumeuse au bar, et parfois au restaurant.
Ca passait bien, tranquillement.
La cordialité était de mise.
A présent, l'antitabagisme devient un culte, une guerre qui n'hésite pas à utiliser de vraies victimes pour asseoir son propos. Au jourd'hui, le fumeur est un pédophile. Demain, il sera Hitler. Et les pauvres petits non-fumeurs qui souffrent... Un jour, peut-être aurons-nous droit à une gerbe sur la tombe du Fumeur Passif Inconnu, qui sait.
On cherche à dégoûter et à choquer des fumeurs déjà pas mal stygmatisés, autant que cette secte qu'est la Peta cherche à dégoûter les amateurs de steack tartare.
Une nouvelle bataille semble donc ouverte, la liberté des uns contre celle des autres. Les non-fumeurs les plus extrémistes, qui savent se faire entendre, contre les fumeurs silencieux, déjà accusés de meurtre.
A la fin, lorsqu'il n'y aura plus de choix, quelle liberté restera-t-il?
Si fumer tue beaucoup, arrêter de fumer rend parfois con. Et j'aurais personnellement toujours plus de respect pour les morts que pour les cons : au omins, ils savent se taire.
Ce qui me rappelle un phrase de Michel Audiard : "les cons, ça ose tout. C'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnait".