Spirit et Opportunity sont des noms qui nous disent, à tous, quelque chose. Plus ou moins consciemment, cela nous ramène à quelque chose de mignon, de classe. Quelque chose qui pourrait ressembler à une Smart de l’espace.
Pour mémoire, il s’agit là des deux rovers envoyés par la NASA sur notre pourpre voisine, Mars.
Envoyés en 2004, ces deux robots assez semblables - six roues, neuf caméras, un bras téléscopique et une armada de systèmes électroniques et scientifiques - n’étaient originellement pourvu que d’une durée de vie de quatre-vingt dix jours.
Trois mois, et un demi milliard de Dollars engagés.
Comme d’habitude en collaboration avec le Jet Populsion Laboratory situé à Pasadena, la NASA fut surprise de voir que, non seulement les deux rovers tenaient bon, mais qu’en plus ils étaient parfaitement autonomes.
Depuis maintenant près de six ans, ils arpentent donc le sol Martien à la recherche de… Eh bien tout ce qu’ils pourront trouver.
Capables d’analyser autant la géologie que la biologie, ils se promènent et prennent leur temps.
Et ils avancent. Depuis le temps, Opportunité a parcouru plus de dix-neuf kilomètres. Il était prévu qu’il n’avance en tout que de six-cents mètres.
Cent mètres par mois, on en vient presque à regretter le diesel.
Spirit, lui, n’a parcouru que six kilomètres. La faute à une dune de sable qui, depuis plus d’un an, le tient prisonnier. Après tout ce temps passé à tenter de le sortir de là, les ingénieurs du JPL ont finalement décidé de l’abandonner.
Le mignon petit robot, d’à peine trois-cents kilos (mazel-tov!), après une roue avant gauche grillée, se retrouve avec une roue arrière droite inutilisable, elle aussi.
Au mois de mars (ironie, quand tu nous tiens…), alors que nous commencerons à nous prélasser sous les premiers rayons du soleil printanier, lui se retrouvera dans les prémices de l’hiver de la planète rouge.
Et cet hiver n’est pas rien. Au plus fort de l’année (une révolution martienne du 650 jours environ), la température monte jusqu’à un niveau caniculaire de 20°C. En plein hiver, elle descend jusqu’à -200°C.
Une sacrée amplitude, à faire sortir son brumisateur à un Inuit.
Jusque là, Spirit avait la capacité d’orienter ses panneaux solaires, ce qui lui permettait de conserver à bonne température ses systèmes internes. Mais, à l’heure actuelle, ils sont moins bien orientés.
Une mort probable attend donc le rover.
Pour autant, une bonne nouvelle a finie par tomber des analystes du JPL : Spirit peut survivre, et une nouvelle vie s’offre à lui.
Profitant de son immobilité, la NASA a déjà commencé à analyser les oscillations axiales de Mars, ce qui permettra de déterminer la nature du noyau de la planète. Plus les oscillations sont fortes, plus ce noyau est solide.
Un noyau liquide confirmerait une planète « vivante », avec la possibilité d’un volcanisme qui contribuerait à la réchauffer et, donc permettrait de positionner les chercheurs sur la coulée qu’ils avaient aperçue dans l’hémisphère sud début 2009.
Rappelons au passage que le plus gros volcan du système solaire, Mons Olympus, se trouve sur Mars. Plus haut que l’Everest avec une base aussi grande qu’un pays, une éruption de ce monstre serait fabuleuse.
En outre, à force d’essayer de se dégager, Spirit est parvenu à creuser de profondes tranchées contenant plusieurs minéraux apparaissant principalement en présence d’eau.
Le mois dernier, Spirit était presque déjà considéré comme mort, et Opportunity fils unique.
Mais il a finalement la chance d’espérer une nouvelle vie, sans doute pleine de promesses.
Finalement, le rover se révèle plein de ressources et, même immobilisé, continue d’apporter de précieuses informations aux scientifiques.
Espérons que l’hiver se passe bien pour lui et qu’on le retrouve dans un an, en bon état.
Long live Spirit.