Pensée unique, bonheur et anti-religion...
Eh oui! Ca y est. Nous ne sommes plus qu'à dix jours de cette sacro-sainte fête de Noël. Le jour qu'attendent les enfants pour ouvrir leurs cadeaux, les adultes pour faire une (sévère) entorse à leur régime, et les vieux pour fêter le petit Jésus.
Le moment où l'on voit fleurir dans tous les médias des réfléxions aussi profondes que "ce Noël sera technologique", "cette année, je tiens mes résolutions (perdre 4kg et tenir)", etc.
Le moment, aussi, où l'on peut déblatérer sur toutes les religions sauf... le christianisme. Ben oui, c'est d'abord et avant-tout la fête de cette religion archaïque, un brin attardée.
Déjà qu'on a pas vraiment le droit de cracher dessus le reste du temps, comme si attaquer le christianisme revenait à attaquer les chrétiens.
Enfin, c'est le jour où l'on doit être heureux. Comme le dirait un président de ma connaissance : "la vie, tu l'aimes ou tu la quittes". Prit à la lettre, on constate effectivement une certaine hausse du taux de suicides (je n'ai hélas pas pu trouver les chiffres, vous m'en excuserez).
Noël, donc, jour où l'on doit être heureux, en famille (même quand on aime pas, si si), et tout disparait. Tous, vous dis-je. On vous passe quinze "bétisier de l'année" (grosso modo un par jour), on ressort du formol les Derrick et autres Walker Texas Ranger, on picole et on s'aime, mais châstement (oui, il faut).
N'est-ce pas là un bon exemple de "pensée unique"? Celle contre laquelle luttent les intégristes, martyrs de l'anticléricalisme, ou les écolos, martyrs du monde contemporain? Pourtant, tous mettront une même joie à fêter Noël, les uns des étoiles du berger devant les yeux, les seconds voyant miroiter les promesses d'un Copenhage dont beaucoup ont découvert que c'était en Norvège (et non pas en Asie, comme j'ai pu l'entendre).
Disparues, aussi, les grandes questions sur l'identité nationale, ou la place de l'histoire-géo chez les élèves de terminale scientifique.
Ce sera l'heure des retrouvailles, du "urbis et orbis" du Pape, entre deux phrases incompréhensibles du nazillon comateux en robe blanche (oui, même au Bois de Boulogne il reste chaste).
Pourtant - et les gens le savent - Noël est, comme les grandes vacances, le moment que privilégie le Gouvernement pour faire passer ses lois, en "loucedé". Le peuple le sait donc, paie la vaseline et s'étonne à la rentrée d'avoir si mal. Arf!
Pensée unique, vous dis-je. Ce mot, d'ailleurs, entre dans la catégorie qu'il est censé définir. Qui donc parle de pensée unique? Souvent les bien-pensants, ces garants de la morale, ceux qui se prennent pour des libres penseur, "parce qu'ils le valent bien". Pour combattre la pensée unique, il faut être la pensée unique. D'ailleurs, voir tous ces scientifiques s'accorder si bien sur l'évolution, PENSEE UNIQUE. Tous ces étudiants se battre pour que leurs diplômes valent quelque chose, PENSEE UNIQUE. Tous ces bobos qui s'ingénuent à lutter contre les parachutes dorés, PENSEE UNIQUE.
Au fond, il y a tellement de pensées uniques qu'on se demande laquelle on doit suivre. Les philosophes de la politique s'articulent autour de ce gros mot qui, sans ne rien vouloir dire, semble vouloir tout dire. Vain espoir.
Foutre en l'air la pensée unique de la pensée unique, voila qui est formidable, et drôle.
Et si la véritable pensée unique était de croire qu'il en existe une? Car, oui, il semble s'agir d'une croyance. Le christianisme est la pensée unique de l'occident conservateur, quand l'islam est celle de l'Iran, ou le judaïsme celle d'Israël. D'ailleurs, combien de fois avons-nous entendu le fameux "c'est notre histoire". Donc, on doit (religieusement) respecter les chrétiens et leur croyance, aussi futile, anti-humaniste et stupide soit-elle. C'est oublier les Celtes, qui occupaient, bien avant, toute l'Europe. Ou la Rome Antique, sans laquelle les premiers royaumes des Francs n'auraient pu se bâtir.
De même, ne devrions-nous pas respecter l'idéologie nazie, sans laquelle la France ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui? Après tout, c'est notre histoire, aussi.
Et c'est plus réel qu'un type né d'une mère trop moche pour avoir déjà été touchée (oui, un peu de sexisme, mais c'est pour la bonne cause), et qui est mort accroché à une croix comme un chevreuil ou un porc qu'on laisse à saigner. La colonisation, Pétain... Tout ça, ça a de la gueule, à côté.
Mais voila... Le christianisme EST notre histoire. Sans lui, nous... Nous quoi? Nous n'aurions pas connnus les bûchers, les massacres des populations insoumises... Et nous vivrions le pire : un monde dans lequel on aurait su bien avant que la terre était plate, qu'il n'y a personne dans les nuages, etc...
A dix jours de Noël, donc, je m'érige contre cette pensée plurielle, qui se cristallise dans une fête religieuse tellement énorme qu'elle met à bas, durant tout le mois de décembre, les simples principes de laïcité.
Non, Noël n'est pas la fête du bonheur, ou de la famille, ou du sapin. C'est la fête du solstice d'hiver, d'abord et avant tout. Le jour où nos ancêtres se disaient que, bientôt, ils pourraient manger à nouveau le fruit de leurs cultures. Le jour où la terre allait commencer à se rapprocher, à nouveau, du soleil.
Est-ce que tout cela n'est pas un peu plus logique, rationnel et raisonnable que la naissance de Jésus, sachant que, au cas où il ait existé, il n'est de toute façon pas né ce jour là?
A défaut de pensée-unique, ce jour est celui où l'on cesse de penser. Noël, le jour que fêtent les chrétiens et les athées, et qui est même férié pour les musulmans, tandis que l'Aïd ne l'est pas.
Bref... un jour à saboter. Avec un peu de chances, quelques prêtres mourront encore à cause des vapeurs de leur poil à charbon... Ca fera toujours quelques enfants de sauvés.
Dans un autre registre, ce forum aura sept mois d'existance. Et presque soixante-dix membres. Pas mal pour un petit truc lancé presque sur un coup de tête, et qui n'avait, au départ, aucun fond : difficile de causer très longtemps sur l'athéisme. Mais il s'est étoffé, s'est tourné vers la culture général, le savoir, à quitté le champ religieux pour arriver dans la sphère sociale, puisque les croyances sont partout.
C'est grâce à tous ses membres. Et il mûrit encore, devient proggressivement adulte. Le nouveau forum arrivera certainement début janvier, sous un nouvel hébergeur, avec un style différent. Mais nous serons toujours là pour la même chose : faire entendre nos voix, aller dans le sens de la raison, de la science, du sceptissisme et de l'ouverture d'esprit et, encore, de l'athéisme.
Un blog naîtra aussi, qui mettra à disposition tout ce dont on peut avoir besoin pour... penser. Se poser des questions, remettre le monde en cause.
Signe que nous grandissons, on parle de nous. Le web est grand, mais il semble que nous le devenions aussi. On parle surtout en mal de nous (oui, 'faut pas exagérer, non plus). Au point que Google ait reçu une notification contre nous, au sujet de la loi Gayssot du 13 juillet 1990 : « Toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite. » J'imagine que c'est pour la religion.
On nous trouve donc arrogants, bruyants et... partout.
Nous commençons à ennuyer du monde, à nous faire voir. Ce n'est qu'un début. Depuis petit forum fabriqué à la va-vite en quelques heures, nous avons accompli pas mal de chemin.
A nous tous de continuer à faire grandir ce bazar organisé, et à proposer une alternative aux croyances.
Encore un énorme merci à tous, pour l'aide quotidienne, pour les critiques constructives, et pour le bagage culturel que vous apportez à Libertathée, qui devient autant un endroit de plaisir qu'un espace de dialogue, de connaissances et d'anti-conformisme.
Je crois qu'on peut tous s'offrir un verre auprès d'un bon feu...